Grues mobiles et sur chenilles

5 minutes - magazine 01 | 2024

Au service de la science

Dans le monde entier pour les opérations de levage

Des turbines historiques à l’immensité de l’espace – des grues réalisent des levages exceptionnels

Chacune de nos grues mobiles est conçue en fonction des besoins de nos clients et des exigences du marché. La technologie qui équipe chaque grue est déterminée pendant sa conception en fonction de la taille de la grue et des objectifs à atteindre. Au cours des dernières années, certaines de nos grues ont été utilisées pour des interventions de levage exceptionnelles : le déplacement d'une turbine, le démontage d'un télescope ou l’installation d'un radiotélescope au milieu du désert.

Depuis octobre 2015, le Deutsches Museum de Munich actualise et réaménage ses expositions. Le bâtiment historique lui-même est rénové et modernisé. L'année dernière, le musée a dû faire de la place dans sa cour intérieure, pour y placer un petit village de containers devant l'entrée principale d'origine. Différentes pièces d'exposition ont dû céder leur place, notamment la gigantesque roue d'une turbine Francis.

Pour se faire une idée, elle est âgée de plus de 80 ans, pèse 44 tonnes et a un diamètre de 4,6 mètres. Ce n'est pas l'objet en lui-même qui pose problème, mais l'exiguïté des lieux.Les conditions d'espace du nouvel emplacement d’exposition est un défi pour les grutiers : "Non seulement le jardin du musée est en pente, et les conditions de circulation à Munich ne sont pas simples. Des ponts étroits et des rues encombrées ont exigé une habileté particulière. Grâce à la compacité et à la direction active de l'essieu arrière de la LTM 1250-5.1, cela n'a pas posé de problème", explique Susanne Maier, directrice de Kran-Maier de Landshut, le spécialiste du levage. Le convoi des voitures pilotes et l'escorte policière ont permis à la roue historique d'arriver à destination en un temps record.

Une grue mobile Liebherr LTM 1250-5.1 de la société Kran-Maier soulève la roue de 44 tonnes de la cour intérieure du Deutsches Museum à Munich.

La roue du Deutsches Museum a été produite en 1939 par l'entreprise J. M. Voith GmbH de Heidenheim et faisait partie d'une turbine pour une centrale hydraulique sur le fleuve Sungari, dans la province chinoise de Mandchourie. Celle-ci n’a finalement pas été livrée, en raison de la Seconde Guerre mondiale. Elle devait être placée à une profondeur de 69 mètres dans la chute du fleuve, et soumises à un régime de 125 tours par minute, elle aurait permis de faire passer 8.820 mètres cubes d'eau et d'atteindre une puissance de 85 MW.

Une composition d'images artistiques des futurs télescopes SKA combine les éléments déjà présents sur le site. A gauche, les futures antennes SKA Mid rejoignent les antennes existantes du télescope précurseur MeerKAT en Afrique du Sud. A droite, les antennes des stations prototypes SKA Low existantes AAVS2 s’insèrent dans les futures stations SKA bas en Australie. Photo : SKAO.

Les télescopes SKA devraient être deux des plus grands et des plus sensibles radiotélescopes des 50 prochaines années. Depuis 2006, le projet SKA figure sur la feuille de route du Forum stratégique européen pour les infrastructures de recherche et a été reconnu comme une installation essentielle pour la recherche européenne en astronomie.

Retour vers le futur : cartographie de l'univers

La LTM 1220-5.2 lors du montage du prototype d'antenne SKA MPG dans le semi-désert du Karoo en Afrique du Sud. Photo : Nasief Manie / SARAO.

C’est un projet scientifique de grande envergure, impliquant des gouvernements et des institutions des cinq continents, qui travaillent ensemble à la construction des deux radiotélescopes SKA. SKA signifie Square Kilometre Array, et ces deux instruments complémentaires vont révolutionner notre connaissance de l'univers. D'ici la fin des années 2020, l'observatoire SKA (SKAO) installera 197 antennes paraboliques en Afrique du Sud et 131 072 antennes plus petites en Australie occidentale. Elles seront reliées entre elles par des réseaux informatiques sophistiqués. Les télescopes collecteront les ondes radio de l'espace pour créer, parmi une multitude d'autres objectifs scientifiques, le plus grand atlas cosmique jamais réalisé et obtenir un aperçu de la formation et de l'évolution des premières étoiles et galaxies après le Big Bang.

Deux sites isolés ont été choisis pour les télescopes : la région sud-africaine du Karoo et le Murchison Shire en Australie occidentale. Ces sites sont si isolés que le silence radio y règne, ce qui est indispensable pour la radioastronomie. Au printemps 2019, le South African Radio Astro-nomy Observatory (SARAO) et la Max-Planck-Gesellschaft (MPG), tous deux partenaires du SKAO, ont installé le premier prototype du télescope sur place en Afrique du Sud. L'antenne parabolique porte la désignation officielle de télescope SKA-MPG et a un diamètre de 15 mètres. Le levage à 22 mètres de hauteur a été confié à l'entreprise sud-africaine CC Crane Hire qui a utilisé une LTM 1220-5.2. L'engin de 5 essieux dispose d'une flèche principale de 60 mètres de long et d'une capacité de levage maximale de 220 tonnes, une puissance suffisante pour ériger un télescope ultramoderne.

Un travail sur mesure : les employés du musée ajustent le télescope au centimètre près pour qu'il puisse être soulevé vers l'extérieur par l’ouverture de la coupole rétractable de l'Observatoire de l'Est. Photo: Deutsches Museum, Felix Köckert

De l'observatoire au dépôt

Revenons au Deutsches Museum de Munich. Il y a deux ans en automne, le réflecteur Goerz, un télescope de deux tonnes datant de 1913, flottait dans les airs au crochet d'une MK 88 de Treffler. Comme tous les modèles de grues mobiles de construction de l'usine Liebherr de Biberach, cette MK allie les avantages fonctionnels d'une grue à tour à la mobilité d'une grue mobile classique. Avec son châssis maniable, fabriqué chez nous à Ehingen, la grue prend peu de place que ce soit pour la préparation ou l’intervention.

La MK 88 est compacte et maniable, ce qui la prédestine à des interventions de courte durée dans des centres-villes densément construits comme Munich. "Avec une hauteur sous crochet de 41 mètres et équipée d'un contrepoids de 1,5 tonne, la MK 88 a pu soulever le télescope de la coupole à une distance de 39 mètres", se souvient Matthias Bulisch, directeur de la succursale Treffler à Munich. Ce levage a nécessité beaucoup de dextérité et de finesse, d’autant que la grue était calée sur une surface instable, en raison du sous-sol exploité. Il a fallu trouver un emplacement approprié dans la cour du musée.

Le levage du télescope à miroirs a également été motivé par l'importante rénovation du musée. En octobre 2022, la deuxième partie du bâtiment d'exposition, qui comprend également l'observatoire de l'est, a été vidée de ses occupants. Afin de le protéger de la poussière du chantier ainsi que des secousses potentielles qui perturberaient l'optique sensible, le télescope a été mis en dépôt. Pendant sa mise à l'abri, les collaborateurs du musée ont profité de la temps pour renouveler le revêtement des miroirs - un entretien qui s'impose régulièrement.

Avant que les visiteurs de l'observatoire aient à nouveau l'occasion de jeter un coup d'œil dans l'immensité de l'espace à travers le télescope, il faudra attendre 2028. Le musée fêtera alors son 125e anniversaire et les travaux de rénovation seront terminés. D'ici là, une grue Liebherr sera peut-être à nouveau utilisée.

La MK 88 de la société Treffler soulève avec précaution le télescope Goerz de l'observatoire du Deutsches Museum dans le véhicule de transport. Photo : Bernhard Thaler

Le télescope de la société berlinoise Goerz a été conçu à l'origine pour une expédition réalisée par l'observatoire de l'école supérieure technique royale de Berlin et la société Goerz. Le but : l'observation de l'éclipse totale de soleil le 21 août 1914 à Sandnessøen sur l'île norvégienne d'Alsten. L'expédition fut interrompue à cause de la Première Guerre mondiale. Depuis l'ouverture du Deutsches Museum sur l'île des musées en 1925, le télescope Goerz est l'instrument principal de l'Observatoire de l'Est du Deutsches Museum.

Photo : Marco Sproviero

Cet article a été publié dans le magazine UpLoad 01 | 2024.

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