9 minutes - magazine 02 | 2023
Plein tube
Pour améliorer la transition énergétique, d’imposantes éoliennes sont nécessaires en mer. La puissance des vents marins permet de fournir de l’électricité verte à la terre ferme. Les dimensions des éoliennes offshores actuelles sont immenses et les défis de la manutention de leurs gigantesques composants le sont tout autant.
Les débuts de la LR 12500-1.0
Dans le port de Rostock, une grue sur chenilles Liebherr de type LR 12500-1.0 effectue depuis peu un travail qui illustre parfaitement cette situation. La première mission de ce géant du levage est de soulever dans l’eau des piliers de fondation de près de 90 mètres de long. Elle est assistée par une grue sur chenilles Liebherr LR 1800-1.0 pour le transbordement de ces monopieux de 1.360 tonnes.
L'équipe de Sarens attend le prochain monopieu à mettre à l'eau. De droite à gauche : Willem Ditmer, qui dirige l'intervention de la grue à Rostock, Fred Kloek, Thierry de Cree et Rachid Al Houss.
A environ 30 kilomètres au nord-est de l'île allemande de Rügen sur la mer Baltique, l'entreprise néerlandaise Van Oord, spécialisée dans la construction d'éoliennes maritimes, érige actuellement les fondations du parc éolien offshore "Baltic Eagle". Selon les informations du fournisseur d'énergie espagnol Iberdrola, 50 éoliennes d'une puissance totale de 476 mégawatts devraient fournir de l'électricité à 475.000 foyers à partir de fin 2024. Pour réussir à atteindre cet objectif, il faut encore mettre la main à la pâte, en mer comme sur terre. Deux de nos grues sur chenilles les plus modernes sont à pied d'œuvre pour la manutention des ports sur la côte de la mer Baltique. Cette opération de grande envergure est la première de notre nouvelle LR 12500-1.0.
La plateforme rotative de la LR 12500-1.0 avec le HighPerformanceBoom de sept mètres et demi de large
Si l'on se rend au port industriel de la ville côtière de Rostock, il est très facile de trouver l’emplacement des deux grandes grues sur chenilles. Les flèches en treillis colorées des deux machines s'élèvent vers le ciel et indiquent le chemin à suivre. Sur le site du port, l'orientation devient nettement plus difficile. La vue est obstruée par des tubes d'acier de la hauteur d'une maison, stockés les uns à côté des autres. A travers les cylindres surélevés, nous pouvons apercevoir les supports de chenilles jaune vif de la LR 12500-1.0. Une fois devant la machine, le regard se porte inévitablement sur la flèche en treillis d'une largeur impressionnante. Ce HighPerformanceBoom de sept mètres et demi de large et son emplacement exceptionnel sur la plate-forme rotative attirent immédiatement l’attention.
A moins de 500 mètres des grues et à proximité directe du "Rostock Port", on fabrique les piliers qui seront placés dans le fond marin et qui supporteront plus tard les installations offshores. Les monopieux effectuent le trajet jusqu'au chantier en flottant sur la mer. Un remorqueur les tire sur une distance de 85 miles nautiques jusqu'au site de construction de "Baltic Eagle". Nos grues se tiennent prêtes dans le bassin portuaire pour mettre les tuyaux à l'eau.
C'est au milieu de nombreux tubes d'acier que la grue sur chenilles a dû être installée dans le port de Rostock.
Ce sont les hommes du groupe belge Sarens qui doivent effectuer ces opérations de levages. Ils sont spécialisés dans le levage et le transport de charges lourdes dans le monde entier. Sarens a reçu le premier exemplaire de la LR 12500-1.0 de l'usine d'Ehingen directement à Rostock. "Avec l'aide des monteurs Liebherr, nous avons terminé le montage de notre nouvelle grue sur chenilles en trois semaines", raconte Willem Dittmer, chef de projet pour Sarens, à la tête de cette mission exigeante. "Et ce, bien que nous ayons dû installer la grue de manière assez compliquée entre les tubes d’aciers stockés ici". De gros efforts ont été déployés pour aménager le sol. Un plateau de plus d'un mètre de haut supporte la grue de 2500 tonnes. Sur une épaisse couche de sable, des bois d’azobé et des plaques de répartition des charges constituent le support de calage des trains de chenilles.
Des dimensions impressionnantes.
"Incroyablement puissante pour un poids propre réduit"
La nouvelle structure de la grue sur chenilles, avec sa large flèche en treillis qui transmet les forces générées à la plate-forme rotative avec une grande stabilité, convainc le chef de projet dès les premières interventions de levage effectuées sans problème mais aussi en termes de transport et de temps de préparation. "Les toutes nouvelles solutions de transport de la LR 12500-1.0 avec le HighPerformanceBoom 54 UpLoad de sept mètres et demi de large, le mécanisme de pliage des grilles et la plate-forme rotative divisée sont superbes. Nous avons moins d'unités de transport et sommes plus rapides lors de l'équipement de la grue", raconte Willem Ditmer. "Elle est imposante pour un poids propre moindre. C’est incroyable".
Ces forces colossales sont utilisées pour soulever les monopieux de 9 mètres d'épaisseur dans le bassin portuaire. Avec une LR 1800-1.0 du loueur de grues MAXIKraft, il faut déplacer une charge brute de près de 1 600 tonnes. Les deux modèles innovants sur chenilles d'Ehingen sont placés côte à côte, prêts à être levés, à une distance d'environ 50 mètres. La comparaison directe souligne les dimensions de la LR 12500-1.0 avec sa flèche massive et son moufle à crochet double pour recevoir les élingues. Ce crochet, probablement le plus photographié lors de la dernière Bauma à Munich, a à lui seul un poids propre impressionnant de 70 tonnes. Ces deux crochets supportent le poids de la charge lors des levages des monopieux. La LR 12500-1.0 doit maîtriser 1.245 tonnes brutes. Il reste 350 tonnes pour la plus petite grue sur chenilles, qui est un soutien lors du levage en tandem. Seule la LR 1800-1.0 peut aussi effectuer des mouvements de pivotement si cela s'avère nécessaire.
Une fois le travail terminé, Robert Pawlowski regarde depuis sa cabine, le monopieu flottant qui s'éloigne à la nage.
"Je suis content de la grue"
Dans l’immense cabine de la LR 12500-1.0, Robert Pawlowski attend et vérifie une dernière fois les affichages sur les nombreux moniteurs. Lui et sa machine sont prêts à décoller. À sept mètres de hauteur, le grutier a une vue imprenable. "Travailler avec cette grue sur chenilles moderne me rend vraiment heureux", s'enthousiasme-t-il. "L'éclairage parfait et les nombreuses caméras sont une aide précieuse pour les grutiers. Les nombreuses échelles et plates-formes nous permettent de travailler et de nous équiper facilement et en toute sécurité. Je trouve que l'ergonomie de la grue est très bien pensée. La toute nouvelle solution de transport et de montage pour les éléments du mât en treillis est absolument impressionnante. Tout comme l'incroyable rigidité et stabilité de la flèche".
C'est parti ! Un remorqueur tire le monopieu flottant dans la mer Baltique. Le voyage d'environ 160 kilomètres jusqu'au chantier offshore dure 15 heures.
Soudain, Robert Pawlowski se concentre sur ce qui se passe au sol. Sur 30 doubles lignes d’axes, le prochain monopieu avec des modules SPMT est amené directement devant les deux grues. Une équipe de six spécialistes attend déjà avec des élingues qui semblent gigantesques, des gros câbles en acier et des manilles à hauteur d'homme. Tout est plus grand que d'habitude. Robert Pawlowski abaisse l’imposant moufle à crochet pour que les hommes puissent commencer leur travail. Une heure plus tard, tout est en place et la charge est accrochée en toute sécurité. Par radio, Robert Pawlowski et son collègue de la grue voisine reçoivent l'ordre de procéder au levage.
Le navire lourd "Svanen" place le cylindre métallique en position verticale dans le fond marin. © Van Oord
Après le levage, les choses se déroulent à une vitesse inattendue. Les modules pour charges lourdes sous le monopieu sont dirigés hors de la zone de danger et les grues commencent à incliner leurs mâts en treillis de manière à peine visible. Cette opération, qui consiste à augmenter la portée et à poser ensuite le tube dans le bassin profond du port, ne prend que quelques minutes. Les grues sur chenilles augmentent de douze mètres la distance qui les sépare de leur charge commune avant que le tube d'acier fermé à ses extrémités ne soit abaissé et mis à l'eau. Un chaland en attente prend alors le relais et tire délicatement le cylindre métallique flottant en position de navigation. Le voyage en mer vers le parc éolien offshore "Baltic Eagle" peut commencer.
Cet article a été publié dans le magazine UpLoad 02 | 2023.